Critères diagnostiques
L’arthrose des membres
Le diagnostic radiographique d’arthrose repose sur 4 signes qui peuvent être isolés ou associés entre eux :
- Le pincement de l’interligne articulaire, localisé, généralement asymétrique. Il traduit essentiellement la diminution d’épaisseur du cartilage et sa détérioration. Il est nécessaire d’apprécier son siège, son importance.
- L’ostéophytose marginale
- L’ostéocondensation épiphysaire
- Les géodes épiphysaires ou «d’hyperpression» de taille arrondie ou ovalaire. Elles siègent le plus souvent dans la zone d’ostéocondensation épiphysaire de l’os sous-chondral.
Les 2 premiers signes sont suffisants pour conforter un diagnostic souvent pressenti cliniquement. En cas de pincement sans ostéophytes le diagnostic peut s’avérer plus difficile et nécessiter des examens complémentaires d’imagerie.
L’arthrose rachidienne
La discarthrose se traduit par un pincement global ou focal du disque intervertébral, une condensation sous-chondrale et une ostéophytose des plateaux vertébraux. L’arthrose zygapophysaire est révélée par une condensation des facettes articulaires, un pincement articulaire sur les clichés de trois quarts, une ostéophytose, un remodelage et une horizontalisation des surfaces articulaires, parfois responsable avec la dégénérescence discale d’un spondylolisthésis dégénératif.
Dans la grande majorité des cas, la radiographie standard reste l’outil adapté pour le diagnostic d’arthrose.
O : Ostéophyte - P : Pincement
G : Géode - C : Condensation
Forme majeure d'omarthrose centrée avec pincement omo-huméral stade IV, ostéophyte exubérant du pôle inférieur de la tête humérale et du col de l'omoplate, ostéocondensation et ostéochondromes
CH Lyon Sud - Pr. Vignon, Dr. Conrozier et Dr. Mathieu
Autres intérêts de la radiographie standard
Rechercher les facteurs étiologiques d’arthrose
Les clichés radiographiques permettent de rechercher les facteurs étiologiques d’arthroses telles que dysplasie pour la hanche, chondrocalcinose articulaire, séquelles traumatiques... ainsi que des signes de complications tels qu’une ostéochondromatose synoviale secondaire.
Suivre l’évolution structurale
La radiographie standard permet également de suivre l’évolution structurale et constitue ainsi l’un des éléments du pronostic de la maladie arthrosique. Le suivi structural se fait par la radiographie tous les 18 à 24 mois. La mesure de l’interligne articulaire permet d’évaluer le pincement.
Les poussées inflammatoires itératives d’arthrose aux membres inférieurs peuvent être en rapport avec une chondrolyse rapide. Un suivi radiologique rapproché peut alors s’avérer nécessaire.
En radiographie standard, plusieurs scores permettent de classer les malades selon la sévérité de leur maladie. Ces scores sont essentiellement utilisés dans le cadre de la recherche clinique. Le score de Kellgren et Lawrence est le plus utilisé. Il s’agit d’un index prenant en compte les ostéophytes et le pincement de l’interligne articulaire.
Il comporte 4 classes : arthrose douteuse, minime, certaine, évoluée.
Un stade 0 correspond à une radiographie normale et un stade 4 à une disparition complète du cartilage. Ce type de score peut être utilisé afin de juger de l’évolution de l’arthrose et peut s’appliquer à de nombreuses articulations.
Grands principes de la radiographie standard
Il existe quelques grands principes de la radiographie standard ostéoarticulaire :
Il faut toujours radiographier les 2 articulations symétriques afin de comparer le côté pathologique au côté asymptomatique présumé sain.
En effet, lorsque la radiographie révèle une image anormale, si celle-ci est bilatérale, il peut s’agir d’une anomalie sans signification clinique. D’autre part, la radiographie des 2 articulations symétriques, permet parfois de découvrir une atteinte pathologique bilatérale asymptomatique d’un côté. Ce cas de figure est relativement fréquent par exemple dans la coxarthrose.
Aux membres inférieurs (surtout au genou), les clichés doivent être réalisés en position de contrainte, de préférence en charge. En effet, en position debout, l’interligne se pince un peu plus en raison des contraintes imprimées au squelette par le poids du corps. Un éventuel pincement peut s’effacer complètement en décharge et égarer le diagnostic.
Il faut toujours faire les radiographies selon plusieurs incidences afin de mieux appréhender l’articulation dans l’espace, en se limitant cependant aux incidences réellement indispensables, afin de minimiser la dose d’exposition délivrée au malade. En plus du cliché de face en extension et du profil, un cliché en schuss est indispensable dans le bilan d’une gonarthrose afin de juger d’un éventuel pincement postérieur.
O : Ostéophyte - P : Pincement
C : Condensation
Arthrose digitale bilatérale touchant les IPD et rhizarthrose bilatérale
CHU Pitié-Salpétrière - Dr. Gibert
Limites de la radiographie standard
Généralement, les signes radiologiques sont présents dès les premières manifestations cliniques d’arthrose mais les radiographies peuvent être normales ou subnormales à un stade précoce de la maladie en raison de la lenteur d’évolution des signes radiographiques.
Le clinicien peut alors recourir à des techniques d’imagerie modernes, lesquelles peuvent apporter des informations lésionnelles et structurales et permettre une prise en charge précoce adaptée.
Un diagnostic précoce d’arthrose est intéressant en raison des possibilités de la chirurgie préventive et des espoirs que pourront apporter de futurs médicaments à visée structuromodulatrice.